CONWIP : l’enjeu de la polycompétence
Comme tout changement de méthode de production, la mise en place d’un flux tiré en Conwip nécessite une évolution de l’organisation du travail. Quelles sont les évolutions à anticiper pour garantir la réussite d’un tel projet ? Parce que le Conwip invite à piloter la ligne de manière globale, le développement des compétences des opérateurs devient un enjeu majeur pour gagner en réactivité.
Piloter la ligne de manière globale
Rappelons tout d’abord que l’objectif de la mise en place du Conwip est de réduire les encours et les délais par une approche globale. Ainsi, on raisonne au niveau de la ligne, et non pas au niveau du poste, pour trouver le périmètre de la boucle Conwip qui permettra d’obtenir les meilleurs résultats. En fonction des configurations, la boucle Conwip intègrera donc un ensemble de postes de production, voire l’ensemble de la ligne. Ainsi, le nombre d’encours étant limité sur l’ensemble de la boucle, la production d’un poste sera contrainte par la production des autres postes. Pour l’équipe, il ne s’agit donc plus uniquement d’optimiser la production au niveau des postes individuels. Il s’agit également d’agir de façon coordonnée afin d’améliorer la performance globale de la ligne.
Développer la polycompétence pour être réactif aux aléas
Pour gagner encore en efficacité, les équipes auront intérêt à développer la polycompétence des opérateurs. En effet, cela leurs permettra d’avoir des marges de manœuvre plus importantes face aux variabilités de la production. Il sera ainsi possible de réagir face aux aléas et d’affecter le personnel en fonction des besoins réels sur la ligne.
Prenons par exemple une ligne de trois postes travaillant en série (schéma ci-dessous). Supposons qu’une panne survienne au poste n°2. La ligne va alors se déséquilibrer : la charge de travail va s’accumuler au poste n°2, à l’inverse des postes n°1 et n°3.
Dans une telle situation, une équipe d’opérateurs polycompétents sera plus réactive et donc plus efficace. En effet, les opérateurs des postes 1 et 3 pourront temporairement être affectés au poste 2, pour faire face à la surcharge de travail ponctuelle sur ce poste. Sur le plan individuel, cette mobilité entre différents postes contribue à l’élargissement et à l’enrichissement des tâches. Elle permet de mieux appréhender l’intérêt des tâches et leur contribution à l’objectif global.
Les retours d’expérience montrent également que le pilotage global en Conwip avec des opérateurs polycompétents favorise la communication au sein de l’équipe, facilite la coordination ainsi que la résolution de problème.
Adapter les formations aux besoins individuels
Enfin, un management éclairé inscrira le développement des compétences dans le plan de formation de l’entreprise. Cela permettra de proposer les formations adaptées aux besoins sur la ligne et aux aspirations de chacun.
A suivre
ANACT, « Les méthodes d’organisation du travail : le Lean en question », Travail et changement, No. 351 (Septembre-octobre 2013).
Boespflug M. (2008), « La polycompétence : bénéfices, paradoxes et enjeux stratégiques. Une étude de cas dans la grande distribution », Actes de la XVIIème conférence internationale de l’AIMS, Nice, 28-31 mai.